Affichage complet du site
Grèves d'avril et mai 2003...
 
La journée "décentralisée" d'un élève de lycée...
 

Texte " d'anticipation " rédigé et distribué par l'intersyndicale et les personnels de l'Education nationale en grève sur Alençon et environs :

Ce texte circule sous diverses formes ici et là avec divers noms célèbres...

LA JOURNEE DE PAUL ELUARD, 17 ANS. ELÈVE EN PREMIÈRE EN 2004/2005

8 heures 00 : Paul arrive la grille d'entre du lycée. Il est attendu par un vigile, qui travaillait l'an passé chez Carrefour. Surprise ! C'est son voisin de palier. Il a été engagé comme assistant d'éducation par le proviseur en septembre.

8 heures 05 : la salle de cours n'a toujours pas été nettoyée parce que les agents de service, qui sont désormais employés par le Conseil Général, ont été réquisitionnés pour préparer la salle de réception de la préfecture. .

9heures 05 : dans le bâtiment scientifique, il n'y a plus de chauffage depuis 15 jours : l'entreprise " chauffmarcel " a augmenté ses tarifs et l'établissement ne peut plus financer l'entretien de la chaudière.

10 heures 10 : toujours pas de prof en espagnol : la vacataire qui avait commencé l'année est partie parce. qu'on ne lui proposait pas assez d'heures de cours pour obtenir un salaire décent. En plus, il a des difficultés en espagnol: il voulait conserver le portugais en LV2 mais il n'y en a plus au lycée.

11 heures 05 : Paul découvre son quatrième enseignant de maths de l'année. Le troisième vacataire a dû partir parce qu'il avait fait ses 2oo heures.

12 heures 05 : En cours d'histoire géographie il re-scotche le vieux manuel (de l'ancien programme) tout en pensant avec envie à son cousin Jacques qui habite Mont-de-Marsan, et qui, lui, dispose d'un cartable électronique. Cela dit, ça l'occupe, le prof a 66 ans, il n'est plus tellement dynamique mais il doit continuer à
travailler s'il veut une retraite complète.

13 heures 05 : A la cantine, le steack est encore froid : les plateaux-repas sont livrés congelés par l'entreprise " cépabon " et le micro-onde commence à fatiguer. Ca consolera ses amis qui mangent un sandwich dans la cour parce que, sans fond social, leurs parents ne peuvent pas financer la cantine,

15 heures 30 : En sortant de cours, il se rend au Centre Communal d'Action Sociale, l'autre bout de la ville il veut s'entretenir avec l'assistante sociale pour demander une aide financière. En attendant, il s'est décidé à travailler au fast-food " salbouf " pour soutenir sa famille. Sa mère, ancien agent d'entretien au collège De Geyter a une retraite de misère (moins de 600 euros par mois). Elle a pourtant travaillé 35 ans, le problème, c'est qu'il faut cotiser 40 ans, en s'arrêtant, elle a vu ses revenus diminuer de 44% ! Au début, Paul pensait même que la caisse de retraite s'était trompée...

17 heures 30 : II prend rendez vous pour aller au CIO. Ce n'est pas possible avant le prochain trimestre: Le Conseiller d'Orientation est accaparé par la formation continue du département, Paul voudrait faire une école d'art, mais les brochures sur l'orientation ne parlent que de BTP et de stages chez " Toubéton " , la grosse
entreprise de la région qui sponsorise déjà les ateliers du bâtiment technique.


haut de page
retour à la page grèves